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Interview exclusive. La voix de Matou Traoré pour le retour d’Alpha Condé

22 août 2023

Matou Traoré est la présidente de l’Union des femmes pour le retour d’Alpha Condé au pouvoir. Elle explique dans cette interview, son initiative.

Guinee7.com : Pourquoi avoir créé ce mouvement ?

Matou Traoré : L’histoire nous enseigne qu’à toutes les époques, partout dans le monde, les femmes ont toujours su prendre la parole pour faire avancer de grandes causes ; dénoncer les injustices ou les pires erreurs de l’humanité. Leurs mots ont permis de déplacer des montagnes sans exagérer et continuent de résonner aujourd’hui. C’est dans ce cadre, pour répondre à votre question, qu’est née l’union des femmes issues de plusieurs horizons, avec la ferme volonté de promouvoir le retour du professeur Alpha Condé. Dénoncer le push anticonstitutionnel qu’a connu notre pays avec les conséquences qui s’y attachent.

Dans aucune démocratie au monde, on n’accède au pouvoir par les armes

Votre objectif est-il réaliste ?

Nos objectifs sont bel et bien réalistes, légitimes aussi. Car la constitution de notre pays est claire là-dessus : La souveraineté nationale appartient au peuple, qui l’exerce par la voix de ses représentants élus. Par conséquent, aucun individu, comme l’a fait Doumbouya (président du CNRD, ndlr), aucune fraction du peuple ne peut s’en attribuer l’exercice. Dans aucune démocratie au monde, on accède au pouvoir par les armes, en tuant, en massacrant des innocents. On accède au pouvoir par la voix des urnes.

Notre force, c’est le peuple

Quels sont les moyens dont vous disposez pour arriver à vos fins ?

Tous les démocrates ainsi que tous les juristes vous diront que le CNRD à sa tête, le légionnaire Mamady Doumbouya n’a aucune qualité légale pour diriger la Guinée. Si vous êtes d’accord avec moi. Donc les moyens dont nous disposons, c’est les moyens du peuple, c’est les moyens à la sensibilisation, à la mobilisation. Et nous travaillons profondément dans toutes les quatre régions de la Guinée. Et nous avons dit que l’union des femmes est composée des femmes de plusieurs horizons. Donc le travail ne se fait pas seulement au niveau des femmes du RPG Arc-en-ciel. C’est des femmes venues de différents partis politiques comme de la société civile qui sont avec nous, qui ont constaté le danger que notre pays est en train de connaître actuellement et qui nous donne la main en vue de nous battre pour le retour au poste du président Alpha Condé. Et pour que le pays puisse retourner à la normale. Donc notre force, c’est le peuple.

Nous n’avons aucun lien de subordination avec le bureau politique du RPG

Quel est votre lien avec le bureau politique national du RPG AEC ?

L’union des femmes pour le retour du PRAC (professeur Alpha Condé, NDLR) est une structure autonome. Elle est indépendante des instances du RPG Arc-en-ciel, avec pour seul objectif de promouvoir le retour aux affaires du Professeur Alpha Condé. C’est notre objectif. Autrement dit, nous n’avons aucun lien de subordination avec le bureau politique du RPG qui est régi par ses propres textes.

Le sort de nos cadres et celui du professeur Alpha Condé sont liés

Dans l’opinion, beaucoup vous accusent de vous appesantir sur le retour d’Alpha Condé tout en oubliant les cadres de son régime qui sont en prison. Que répondez-vous ?

C’est un faux procès ou un faux débat à l’encontre de l’union des femmes pour le retour du professeur Alpha Condé. Ceux qui le disent, ignorent totalement nos actions sur le terrain ; ça, je peux vous l’assurer. Nous sommes profondément convaincus que le sort de nos cadres et celui du professeur Alpha Condé sont liés. Par conséquent, ils sont indissociables. C’est pourquoi lors de toutes nos manifestations pour le retour du professeur Alpha Condé, nous dénonçons l’emprisonnement de nos cadres. D’ailleurs, il vous souviendra qu’il y a quelques jours à Kaloum, lors de nos manifestations, les femmes étaient munies de pancartes sur lesquelles on pouvait lire « libérez nos cadres du RPG injustement arrêtés’’.

Aussi, dans toutes nos actions de sensibilisation dans le pays profond, avec les militants à la base, nous les informons que nos cadres sont des prisonniers politiques dont le seul tort est d’avoir honorablement servi notre pays. L’équation pour nous est simple. Leur libération dépendra inévitablement du retour du professeur Alpha Condé. Et si je me souviens bien, ces prisonniers politiques ont déjà bénéficié d’au moins, 4 ordonnances de mise en liberté qui sont restées sans suite. Donc, c’est une chasse aux sorcières ciblée et sélective, orchestrée par le CNRD dans le seul but de saper l’honneur, la dignité de nos cadres, mais aussi pour surtout déstabiliser le RPG.

L’indifférence, le  manque de courage et de compassion à l’égard de toutes les victimes, le silence coupable de soi-disant démocrates, finissent par cautionner les dérives et les injustices du CNRD

Des femmes ont été condamnées à Kankan suite à des manifestations. Qu’en dites-vous ?

Je vais vous dire que le drame de notre pays, c’est cette injustice que subit notre population au su de tout le monde, sans aucune réaction. Cette indifférence, ce  manque de courage et de compassion à l’égard de toutes les victimes de l’injustice du CNRD ; ce silence coupable de soi-disant démocrates qui finissent par cautionner les dérives et les injustices du CNRD. Indépendamment de ces femmes illégalement arrêtées et emprisonnées dans des conditions et circonstances qui n’honorent vraiment pas notre pays, il convient de se poser les bonnes questions en tant que démocrate. Dans quel pays voulons-nous vivre ? Est-ce qu’un pays respectueux des droits de l’homme et des libertés publiques ? Voulons-nous réellement promouvoir le développement et la prospérité de la Guinée ? Voulons-nous continuer comme le faisait le président Alpha Condé à œuvrer d’une manière pérenne pour les fondamentaux d’une République démocratique stable et forte ? Donc, ce sont des questions qu’on doit se poser.

Les abus du système en place, la martyrisation des activistes, des journalistes qui essaient de dénoncer les dérives du pouvoir et ce silence de nos cadres, de nos politiciens devant tous ces abus, m’empêchent de dormir. Donc, nous nous battons et nous continuerons à nous battre jusqu’à ce qu’on voit la différence dans la gestion de notre pays. Nous ne lâcherons pas. Si vous constatez, le dynamisme aujourd’hui est totalement différent du lendemain du 5 septembre.

Certains pensent que le CNRD fait mieux qu’Alpha Condé. Qu’en dites-vous ?

Je ne les insulterai pas, je ne dirai pas qu’ils sont inconscients, mais c’est vraiment aussi de la naïveté politique de croire que le temps du CNRD est mieux que le temps du professeur Alpha Condé. Parce que, évidemment, ils sont en train de ne rien faire qui prouve qu’ils peuvent être les meilleurs dirigeants pour la Guinée. Parce qu’ils sont venus avec l’argument de la cherté de la vie ; et la vie, depuis le départ du professeur Alpha Condé ne devient que plus chère. Ils sont venus avec des arguments qu’on avait des problèmes d’électricité et je ne vois pas quelle amélioration ils ont envoyé à ces problèmes.

Le quotidien du Guinéen ne fait que devenir dur et plus dur qu’il n’a jamais été. Par ailleurs, la démocratie a connu un recul. Ceux qui soutiennent que ça va mieux maintenant doivent comprendre cela. Ils doivent savoir aussi que le CNRD n’est pas venu par une voie démocratique. Le CNRD n’est pas démocratique. Le CNRD n’a pas été élu démocratiquement.

Interview réalisée par téléphone par Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

Last modified: 22 août 2023

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