À la veille de la célébration de la Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, les personnes atteintes d’albinisme et les ONG concernées ont tenu une conférence de presse ce lundi 12 Juin 2023 à la maison de la presse, avec pour thème «la situation sociale des personnes atteintes de l’albinisme, soins et maladies de la peau».
Journalistes, enseignants, sportifs, hommes de culture et quelques représentants en provenance de l’intérieur du pays, tous albinos étaient là pour expliquer les maux et la stigmatisation dont font l’objet les albinos en Afrique, en particulier en Guinée.
L’albinisme est dû à l’absence partielle ou totale de la mélanine chez l’être qui fragilise la vue et la résistance cutanée et d’autres organes.
« Quand on nous voit, la première des choses c’est de se cracher sur la poitrine par peur d’avoir des enfants comme nous. Souvent même dans le quartier on nous considère comme des intrus: ils nous touchent comme sacrifice de richesse, nous sommes tués par des gens à la quête du pouvoir. D’autres même pensent qu’on ne meurt pas, qu’on disparaît. Partant de cette réalité, cette réalité choquante affecte la vie des albinos, surtout ceux qui sont à bas âge. Dès la 10e année, la différence de chance et les moqueries amènent certains à abandonner l’école. C’est des réalités que la société doit revoir et savoir que nous n’avons pas demandé à naître albinos ou en carence de mélanine », a lancé cet albinos issu d’une fratrie de 5 albinos.
Parlant d’insertion socio- professionnelle, ces albinos condamnent l’indifférence de leur composante même par leur ministère qui est celui de l’Action féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables. Ils expliquent cela par l’absence même de leur composante dans l’administration guinéenne.
«Au-delà de la fonction publique, du budget, toutes les listes qui tournent sont en train de dormir dans les tiroirs. Quand tu comptes aujourd’hui dans l’administration guinéenne vous n’allez pas avoir 30. Ceux-là qui sont à la fonction n’ont même pas de poste, ils ne sont même pas considérés. D’abord notre ministère de tutelle qui est celui de l’Action sociale, est-ce qu’il y a un cadre albinos là-bas? Depuis que la Guinée est devenue indépendante est-ce qu’il y a un albinos ministre ici? Un secrétaire général ? », s’interroge Lancinet Toure, fonctionnaire au ministère de la Pêche. Et de poursuivre en ces termes: « Quand nous travaillons, c’est juste en tant que complément d’effectif. Lors des assises j’étais là et le rapport disait au 40e point de prendre les personnes atteintes d’albinismes mais quand on touche c’est la discrimination totale et générale». Loin, il parle d’une discrimination à la base.
«Pire en 2018 j’étais parmi les lauréats et je devais bénéficier d’une bourse mais en tant qu’albinos, je n’ai pas pu avoir la bourse», déclare-t-il.
Considérés comme mendiants, objets de sacrifices ou victimes d’enlèvements, les jeunes albinos sont secourus par leurs aînés à travers un centre d’insertion.
« À Sangoyah, nous hébergeons et aidons les albinos à quitter la rue, à avoir à manger et à trouver une vie décente que de se retrouver dans la rue réduits a la mendicité. Un facteur d’ailleurs qui les expose au cancer de peau qui se révèle être un grand pourcentage dans le taux de mortalité dans ce pays», a fait savoir Dr Morlaye Camara, avant d’indiquer qu’à ce niveau, aucune aide étatique ne s’est avérée.
« Même une petite visite nous aurait rassurés mais malheureusement».
Mohamed Lamine Simankan, journaliste de profession, a confié ceci: «Nous ne voulons pas un ministère du 13 juin mais celui de tous les jours où chacun s’implique pour la cause des personnes atteintes d’albinisme».
Instituée depuis maintenant 10 ans (2013), les albinos de Guinée célébreront pour la première fois la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme, ce mardi 13 janvier au palais du peuple.
Mayi Cissé
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Last modified: 12 juin 2023
