La Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG) poursuit ses débats publics responsables.
Ce samedi 18 juin, l’acte 2 de ces débats citoyens a porté sur le thème « Quelle constitution pour la garantie d’une alternance démocratique en Guinée ?». Une problématique qui préoccupe bien des citoyens, surtout en cette période de transition quand on sait le nombre de changements et de révisions constitutionnels qu’a connu le pays.
Pendant plus de trois heures, des experts en la matière notamment le Professeur Telliwel Diallo, le Professeur Bano Barry, Dr Faya Milimouno du parti Bloc Libéral et Jean Paul Kotebendouno, conseiller au CNT, ont apporté des éclaircissements sur la question sous des angles historique, sociologique, politique et juridique.
Parlant de l’initiative et du bien fondé de tels débats, Alpha Bayo coordinateur national par intérim de la MAOG, a expliqué qu’ils visent à responsabiliser les débats en Guinée et proposer des solutions aux gouvernants.
« Vous savez nous sommes dans une transition où la problématique de la nouvelle constitution est encore posée. Donc il est de notre responsabilité en tant qu’acteur de la société civile d’interpeller les scientifiques, vous avez vu les conseillers au CNT, en tout cas tous ceux qui peuvent faire des contributions pour débattre sur cette question parce que ce que notre soucis majeur aujourd’hui c’est pourquoi à chaque fois les constitutions font l’objet de débats, de révisions, de changements constitutionnels. Nous sommes dans une 4ème République et pourquoi à chaque fois il y a du changement constitutionnel. Donc nous savons dit pour une dernière fois, qu’il faut vraiment réfléchir sur des techniques que nous pouvons proposer au CNT et pourquoi pas au gouvernement pour insérer ces prescriptions dans la constitution afin de garantir l’alternance démocratique dans notre pays. Parce que nous avons opté pour la démocratie donc nous devons accepter les principes », a-t-il expliqué.
Faisant une analyse juridique de la question, Jean Paul Kotebendouno Rapporteur de la commission constitution, administration et organisation judiciaire du CNT, a estimé que cette question est imparfaite.
« Sur le plan conception, j’ai estimé que la question était imparfaite puisqu’en réalité dans le discours constitutionnel il ne me semble pas que les textes épuisent la question de l’effectivité de la transition démocratique. Puisque par définition, depuis 1990 nous avons prévu des mécanismes et des prescriptions qui ont prévu quelque chose qui s’apparente à l’effectivité d’une alternance démocratique, mais elle a été foncée en 2001 on le sait parce que la loi fondamentale du 23 décembre 1990 prévoyait effectivement des prescriptions afférentes à la limitation du nombre de mandats, à la durée du mandat, mais on a eu un référendum qu’on pourrait qualifier de référendum déconsolidant n’est-ce-pas parce que ça a finalement permis au président de rester au pouvoir jusqu’à sa mort en 2008. On a également un référendum constituant qui a eu lieu le 22 Mars 2020, dont on sait qu’il a finalement permis ce qui a été qualifié de troisième mandat. Référendum dont on sait qu’il a généré au final un coup d’État une année après. Voyez-vous qu’il y a donc un ensemble de prescription qui prévoyait théoriquement déjà un fonctionnement de l’État qui est marqué par un fonctionnement régulier des institutions, un fonctionnement démocratique mais sans la pratique constitutionnelle il n’y a rien de possible. Donc j’ai estimé en réalité qu’il fallait intégrer dans la réflexion des considérations pratiques et j’ai présenté un peu l’intérieur justement de la démonstration en indiquant qu’au-delà des textes il y a des pratiques qui sont des pratiques qu’on pourrait qualifier de pratiques contraconstitutionelles. Il me semble qu’au-delà des prescriptions, il est extrêmement important de concrétiser l’éducation politique des citoyens à la manière de ce que prévoit dans beaucoup d’États la constitution. », a-t-il estimé.
Venue prendre part au débat, Mariame Sacko dit avoir surtout apprécié l’analyse sociologique faite par le Professeur Bano Barry
« Ce que j’ai retenu surtout l’intervention du professeur Bano Barry qui a beaucoup plus attiré mon attention, c’est quand il a parlé du changement de stratégie politicienne. Parce qu’on a toujours adopter les mêmes politiques, et on demande tout le temps le changement mais il y a eu changement du gouvernement mais toujours on passe, on s’enfonce dans le problème. Et sa solution est de changer de stratégie politienne. On vote pour les constitutions mais la constitution qu’on doit changer ne concerne pas le peuple, elle concerne du président qui doit adopter les bonnes stratégies pour le peuple, comme assouvir le peuple », dira-t-elle.
La MAOG entend pérenniser ces débats publics verts afin de mieux faire comprendre aux citoyens les enjeux et faire des propositions.
Maciré Camara
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Last modified: 19 juin 2022