« Faré Yaré », c’est cette appellation donnée au tissu de contrefaçon qui prend d’assaut de nos jours les différents marchés guinéens. Ça signifie » la première ligne de la cérémonie ».
Par ailleurs, ce textile synthétique est convoité pour son prix abordable qui varie entre 50 et 60.000 le (complet 3 pièces) et sa forte ressemblance aux différents motifs du textile guinéen qui se négocie à 120.000fg l’unité ou plus.
Cette contrefaçon est une véritable menace pour les différentes formes de teinture et artisanat de la Guinée, notamment le Kindili, Forêt sacrée et Lépi, nous explique Binttina Camara, promotrice des valeurs culturelles à travers l’ONG culture et fierté guinéenne (CuFig).
« L’impact de ce tissu sur le marché culturel est que nous nous sentons dépossédés de notre patrimoine culturel. C’est inconcevable. Car comme dirait l’autre » La culture, c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre. Ce qui revient à dire que c’est une partie de nous que les autres peuples nous volent. Qu’est-ce qu’on présentera au rendez-vous de la culture ou au marché de la culture ? », s’interroge-t-elle.
Contrairement aux deux autres, M’balia Bangoura pense que c’est une opportunité d’alléger les charges, étant mère de famille de 7 enfants avec un mari au chômage. « De nos jours, le complet de basin pour les moins de 15 ans revient à plus de 500.000 de nos francs, j’en ai 7 et celui de Faré Yaré est 60.000fg. Les yeux fermés, c’est ce que je préfère. Tout le monde aime s’habiller chic mais les moyens manquent et j’évolue en fonction de ce que j’ai ».
Cependant, cette décision du consommateur à une répercussion directe sur le pouvoir d’achat, nous témoigne Souleymane Bah: « ces contrefaçons sont à l’origine de l’inactivité pour ne pas dire du chômage de beaucoup de nos artisans teinturiers et tisserands aujourd’hui. L’effet immédiat à travers le non achat de nos pagnes surtout en cette période de fête pèse lourd sur moi depuis le matin, j’ai juste vendu un (1) complet », déplore ce vendeur.
En dépit de la sortie du ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat interdisant l’importation de ces tissus de contrefaçon mercredi dernier, le constat est que de nouveaux motifs font leur apparition sur le marché que les commerçants appellent »guezner et wifi ».
Mariame Mayi Cissé
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Last modified: 24 avril 2022