Affaire dame Asmaou: les deux magistrats suspendus démentent le ministre Charles Wright

L’Association des Magistrats de Guinée (AMG) était face à la presse, ce vendredi 1er septembre 2023 pour annoncer une série de manifestations qu’elle compte organiser à partir du 07 septembre prochain pour se faire entendre.

À cette occasion, les deux magistrats suspendus qui avaient à leur charge le dossier de dame Asmaou Diallo contre les héritiers d’Elhadj Abdourahamane Diallo ont pris la parole pour expliquer les conditions de leur suspension.

À tour de rôle, le juge du tribunal de première instance de Labé, Moussa Camara et le substitut du procureur de Labé, Ce Avis Gamy, tous suspendus ont apporté un démenti aux propos du ministre de la Justice Alphonse Charles Wright qui les accuse d’avoir enfreint la loi.

Dans sa narration, le juge Moussa Camara a déclaré: « Nous avons été choqués, on nous demande des comptes à rendre par rapport à une décision de justice que nous avons rendue. C’est à ma grande surprise que le juge Ansoumane très inquiété est passé dans mon bureau que le président du tribunal l’a appelé que le ministre demande à ce que je me présente le lendemain à son cabinet à 10 heures. C’est entre-temps, l’inspecteur Yaya Kairaba m’a appelé, il m’a aussi dit que le ministre demande à ce que je me présente à son bureau demain à 10 heures. Faute de quoi, il va me suspendre. Arrivé au département quand je suis rentré avec le président du tribunal dans l’ascenseur, a indiqué le juge Moussa Camara.

« A ma grande surprise la personne que j’ai condamnée, madame Asmaou Diallo, nous a rejoints dans l’ascenseur. Contrairement à ce qui a été dit qu’elle était venue accompagnée de son avocat, je vous informe qu’elle n’était pas en compagnie de son avocat. Donc, nous sommes allés ensemble jusqu’au 3ème étage. Et, arrivés, on a demandé à ce qu’on parte ensemble dans le bureau de l’inspecteur Yaya Kairaba pour une confrontation. J’ai dit que c’est la dernière des choses que je ferai dans ma vie. Après, je suis allé seul voir l’inspecteur général, qui m’a dit que c’est le ministre Charles qui veut me rencontrer. Je suis resté jusqu’à 14 heures, le ministre n’est pas venu. Donc, l’inspecteur a appelé un haut magistrat pour demander de confier la dame Asmaou au directeur de l’administration pénitentiaire, mais de ne pas envoyer la dame en prison. J’ai été choqué de la sortie de l’inspecteur Yaya Kairaba qui contribue à nous sacrifier en tant que père de famille surtout. La déclaration de l’inspecteur Yaya Kairaba m’a plus choqué que la décision de suspension du ministre. C’est ainsi, je suis rentré à  Labé. Et, on m’a de nouveau appelé pour me présenter vendredi, j’ai dit d’accord mais cette fois-ci, il va falloir que vous m’adressiez une convocation. Après, ils m’ont adressé une convocation de me présenter dans les 48heures qui suivent. C’est ainsi nous avons fait une lettre réponse commune avec le procureur Ce Avis Gamy dans laquelle,  nous avons demandé de nous dire de façon explicite les raisons pour lesquelles nous sommes convoqués et de nous accorder un délai d’une semaine à l’effet de préparer notre déplacement. Mais, à notre grande surprise, nous avons trouvé nos décisions de suspension sur les réseaux sociaux ».

Avant d’être renchéri, par le procureur, Cé Avis Gamy qui a dit ceci : « le crime que j’ai commis parce que j’ai exécuté une décision de justice, qui est conforme à la loi. Et, parce que j’ai demandé à ce qu’on m’adresse une convocation en bonne et due forme. Quelle que soit la décision du juge, vous êtes appelé en tant que procureur d’exécuter la décision. C’est clair, personne n’a le pouvoir d’apprécier le bien-fondé de la décision du juge ».