Ce jeudi 15 décembre, des travailleurs de l’usine « Grands Moulins de Conakry » ont manifesté leur mécontentement devant leurs locaux non loin du Petit Bateau à Kaloum, au centre-ville. Ils manifestent contre la précarité de leurs conditions de vie, jugeant leur salaire très bas.
Employé dans cette fabrique depuis 3 ans, Barry Mamadou Sansy revient sur les difficultés. « Au départ, nous étions environ 600 travailleurs. Mais la direction des ressources humaines a installé une politique de faire faire des stages aux gens pendant 6 mois, après on les libére; ou qu’on leur donne des contrats de CDD de deux ans. Quand les deux ans arrivent, puisque le code stipule que lorsque quelqu’un a deux ans de contrat, si le patron doit renouveler, il le fait passer en CDI. Mais leur politique est qu’une fois ces deux ans expirent, on te propose de retourner à la maison, on te donne un règlement et ensuite on te fait revenir, tu vas signer un CDD. Entre-temps, il y a eu des mouvements, ils ont licencié plus de 400 personnes », nous apprend le secrétaire général adjoint du syndicat. Et de poursuivre en ces termes: «De pourparlers en pourparlers, il n y a pas eu d’entente. On a déposé un préavis de grève qui a duré 10 jours. On a même reçu monsieur le directeur national de l’Industrie ainsi que l’Inspecteur national de l’Industrie, qui ont tenté une médiation qui n’a pas abouti. On a déposé l’avis, qui est arrivé à expiration et il n y a pas eu de réaction. Et lorsqu’on a déclenché le mouvement, le patron nous a reçus. Il a dit ceci : parce que notre plate-forme de revendication est répartie en deux volets, le volet traitement et celui salarial. Il nous dit que tout ce qui est du traitement, il est prêt à y accéder. Mais que le salaire, il n’augmentera aucun sou. Qu’il a assez de stocks dans les magasins à Madina. Qu’il est prêt à fermer son usine, aller devant jusque devant le président, nous régler et encore rouvrir son usine », a-t-il ajouté. Avant d’interpeller: «Qu’ils accordent un peu de respect aux travailleurs. Depuis trois ans, nous sommes là, vous ne trouverez aucun travailleur qui a même 50 mille francs comme réserve à la maison. La prise en charge sanitaire, elle est là. Mais c’est une prise en charge de façade. Parce que le travailleur, on le fait traîner entre ici et la pharmacie de Kaloum. Parfois on lui donne les 70%, mais étant mal payé, il ne peut pas payer les 30% pour accéder à ses médicaments. Nous sommes maintenant au nombre de 148, mais impossible de penser à l’amélioration de nos conditions de vie […] Nous lançons un appel solennel à l’endroit des autorités de ce pays, de nous venir en aide, pour qu’ils puissent mettre pression sur la direction générale », lance-t-il.
Dans le même sillage, Fousseny Sacko, secrétaire chargé à la revendication en cas de conflit, révèle un autre problème. « Nous constatons déjà que la direction passe par d’autres moyens. Parce qu’il y a des Sénégalais qui sont là. Et nous avons aussi remarqué qu’il y a des entreprises de sous-traitance qui commencent à entrer à la place des travailleurs grévistes. C’est une manière pour eux de décapiter le mouvement. Mais notre volonté n’est pas de paralyser l’usine. Mais plutôt de trouver un terrain d’entente ».
Mayi Cissé
Last modified: 15 décembre 2022